Une bande de fréquence 4G sera bientôt dédiée exclusivement à l’internet fixe en France afin d’accélérer le déploiement du très haut débit. Dix millions de Français sont potentiellement concernés.
Bouygues Telecom, Orange et SFR ont sorti successivement cette année des box 4G à usage fixe
permettant d’obtenir une connexion Wi-Fi chez soi en se raccordant au réseau mobile des opérateurs.
Un moyen d’apporter le haut, voire le très haut débit fixe dans des territoires bien couverts en 4G
mais très loin d’être fibrés. D’autres opérateurs loin des zones denses s’activent déjà dans l’ombre
pour déployer une technologie qui va beaucoup plus loin : de la 4G dédiée exclusivement au fixe et
répondant au nom officiel de THD radio.
« Nous, nous appelons ça du RttH, en référence au FttH », explique Hervé Rasclard, le Délégué
Général de la FIRIP (fédération des industriels des réseaux d’initiative publique). « C’est une
technologie légère qui permet un déploiement rapide dans les zones oubliées par la fibre. 35
collectivités sont déjà prêtes à en financer le déploiement », ajoute-t-il. Et de nombreux appels d’offre
sont en cours. Entre 2 et 3 millions de foyers pourraient être concernés, soit 10 millions de Français
potentiels.
Les expérimentations ont commencé l’année dernière. Et pas seulement dans les zones rurales.
Partout où la densité de population est faible, le débit en ADSL inférieur à 4 Mbit/s et aucun plan fibre
à l'horizon. C’est le cas, par exemple, du département de la Seine et Marne en Ile de France.
L’opérateur NomoTech y a déployé de la THD Radio à destination des 34 000 foyers du territoire en
s’appuyant sur l’équipementier chinois ZTE pour le matériel radio et l’Américain Cisco pour son cœur
de réseau. « Nous avons réalisé en 10 mois ce qui aurait pris 10 ans avec le FttH », souligne
Philippe Le Grand, vice-président de NomoTech. Il s’apprête maintenant à lancer ses premières offres
commerciales pour la rentrée.
« Nous déployons des antennes 4G, un peu moins volumineuses que celles du réseau mobile, à
proximité des habitations, principalement sur des points hauts : pylônes et châteaux d’eau », détaille
encore Philippe Le Grand. « Lorsqu’un usager sollicite nos offres, un installateur se rend chez lui pour
poser une antenne. Il ne reste ensuite plus qu’à attendre la livraison de la box par la poste ». Des
offres tripleplay sont accessibles à partir de 30 euros. L’avantage du RttH, c’est qu’il n’y a aucun
risque d’engorgement des réseaux mobiles. Nul besoin non plus de limiter les usages et les débits
des abonnés.
La bonne nouvelle pour tous ces professionnels qui font le pari de la 4G fixe, c’est que l’Arcep a
décidé d’attribuer une bande de fréquence dédiée : 40 MHz en 3,5 GHz. Et cela va tout changer pour
les utilisateurs. Contraints jusqu’à maintenant d’utiliser des bandes de fréquences libres ou avec un
faible spectre, les opérateurs ne pouvaient proposer au mieux « que » du 10 ou 20 Mbit/s. A l’avenir,
ils pourront dépasser les 30 Mbit/s. La procédure sera ouverte en septembre avec des attributions
pour la fin de l’année.
Achever la couverture de la France en fibre ou en 4G en 18 mois, c’était l’une des promesses de
campagne d’Emmanuel Macron. Une annonce vague qui paraissait impossible à concrétiser dans les
temps impartis. Depuis, le président a rallongé le délai à 2 ans et est revenu sur la technologie qui
sera retenue. « La fibre, on ne la mettra pas partout jusqu’au dernier kilomètre dans le dernier
hameau (…) Mais une solution mixte où on marie la fibre, les innovations technologiques qui
permettent d’avoir la 4G à bon niveau, on sait le faire partout », a-t-il annoncé lors d’un déplacement
en Haute Vienne sur le thème de l’égalité des territoires le 9 juin dernier.
Le Président a ajouté qu’il faudrait repenser les plans et contraindre davantage les opérateurs pour
qu’ils s’alignent sur ce plan de bataille. Ce qu’il faut comprendre entre les lignes, c’est qu’Emmanuel
Macron a décidé de revoir le plan France Très Haut Débit qu’il avait pourtant lui-même porté lorsqu’il
était ministre de l’Economie. Rappelons que le programme prévoit que chaque foyer, chaque local
professionnel et chaque bâtiment de service public ait accès à une connexion de plus de 30 Mbit/s
d’ici 2022 en se reposant à 80% sur de la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH).
Il serait donc logique que le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi et le ministre de la
Cohésion des territoires Jacques Mézard annoncent bientôt un réaménagement du plan France Très
Haut Débit avec une redistribution des financements, en partie en faveur de la 4G fixe dans les zones
rurales. D'autant que la promesse d'un très haut débit pour tous en 2022 a été rappelée par le
Premier ministre dans son discours de politique générale cette semaine.
Le RttH ne représente toutefois qu’une solution temporaire, en attendant de pouvoir déployer la Fibre
pour toute la population. Du transitoire qui devrait tout de même durer une bonne dizaine d’années.